La dictée de juin proposée par Sylviane

Par les temps qui courent…

L’été, synonyme de vacances, est enfin là! Les écoles vont bientôt rendre la liberté aux élèves, désormais avachis; c’est que ces préados ont travaillé comme des bœufs pendant l’année scolaire. Mais les juillettistes se préparent à plier bagage : les hommes ont ressorti les valises et les malles, qu’ils s’apprêtent à bourrer; les dames ont dépoussiéré les vanity-cases, qu’elles ont déjà remplis presque à ras bord.

 

Concédons que le nécessaire de la parfaite estivante est étoffé : au minimum, quatre maillots de bain - des bikinis vraiment rikiki -, diverses huiles bronzantes, qui sont essentielles, évidemment! Quelques paires de lunettes solaires - forcément éblouissantes -, maintes tongs - histoire de mettre les pieds dehors -, et bien d’autres affaires, du plus bel effet!

 

Bon! Mais vous, les aoûtiens, qu’avez-vous prévu en attendant de danser le cha-cha-cha à la mi-août? Eh bien, au lieu de ronger votre frein, faites du vélo tout-terrain autour de l’étang des Forges, après le travail! Mais, une fois en nage, ne vous baignez pas aussi sec dans l’étang : vous l’aurez assurément… sec, car le bassin se fait curer, que diable! D’ailleurs, priez pour que les travaux n’aillent pas à vau-l’eau!

 

Mais il ne faut surtout pas que vous craigniez que la faune pâtisse de l’assèchement temporaire de l’étang. Sur les conseils des ichtyologistes (zoologue spécialisé dans l’étude des poissons), les poissons se sont fait transférer dans les pièces d’eau voisines et on a ouï dire qu’ils y couleraient… des jours heureux!

 

Quant à l’anodonte (mollusque bivalve d’eau douce, nom masculin), cette moule d’eau douce géante, on l’a retrouvé enfoui dans les couches sédimentaires pour se protéger des conditions ardues. Certains spécimens qu’on a recueillis pèsent quelque cinq cents grammes! Si vous êtes vraiment chanceux, vous pouvez aussi découvrir la mulette (mollusque d’eau douce appelé aussi «moule d’eau douce» ou «moule de rivière» et qui produit des perles), qui cèlera peut-être une perle au sein de sa coquille de nacre polie. Mais, quoi qu’il en soit, quelque extrême que puisse être votre appétence pour les mollusques, ne faites pas des moules marinière (ellipse pour «des moules à la marinière», d’où le singulier de marinière) avec ces bivalves au pied mou : ils sont immangeables. Préférez cuisiner avec des moules à manqué (le manqué est un biscuit et aussi un moule à gâteau); c’est du gâteau!

 

Philippe Dessouliers

Les variantes orthographiques :

À ras bords; Bikinis; rikikis ou riquiqui ou riquiquis; mainte tong; aoutiens; chachacha; mi-aout; hé; cinq-cents; aux pieds mous.

La dictée DE FEVRIER proposée par Sylviane

 Pan sur le bec !

Faisant preuve d'un crâne enthousiasme, les quelque deux cent quatre-vingts inscrits à la dictée organisée en Seine-Maritime, pour la Saint-Firmin, par les maire et conseillers municipaux d'une belle commune située sur des coteaux dominant la Seine étaient tous arrivés bien à l'heure. La plupart arboraient un large sourire, même ceux qui, venus à pied, avaient préféré entreprendre, par jeu, l'escalade du promontoire par un chemin zigzaguant à travers les beaux ares de verdure où s'affairent çà ou là de belles jardinières, autrement dit des belles au terreau...

 

L'affluence était telle, à ce moment-là, que certains en venaient (pronom indéfini, certains est toujours au pluriel : certains disent que…) à redouter qu'un débrouillard très futé ne profitât de l'attroupement pour aller s'emparer subrepticement du texte. En vérité, c'était s'alerter vainement, car le précieux document était encore sous clé, à l'hôtel de ville !

 

Seuls quelques pusillanimes (timoré, frileux), après avoir hésité, avaient reporté sine die leur participation à des jeux-concours de ce type. Toutefois, parmi les présents, quelques-uns, guettés par l'éréthisme (état de nervosité, d'excitation, d'exaltation), tentaient de calmer, avec un peu de thridace (la thridace est un calmant obtenu en utilisant du suc de laitue (du grec thridax, "laitue") délayée, ou bien en ingurgitant continûment des petits-beurre ou des gaufres à la cassonade, un pouls capricant (saccadé, sautillant).

 

Par acquit de conscience, et pour la millionième fois, d'autres encore se répétaient à l'envi, sans trêve aucune, les désinences des verbes du troisième groupe que s'étaient plu (participe passé de plaire, invariable, parce que le verbe est transitif indirect (on se plaît à faire quelque chose). Ici, "il avait plu aux pédagogues…) à leur enseigner naguère de fringants pédagogues et de pétulants linguistes, voire, hélas, des formateurs tatillons dénués de bonhomie.

 

Victime d'un hoquet aussi subit qu'incoercible, une candidate pontépiscopienne (habitante de Pont-l'Évêque, en emploi adjectif, donc sans majuscule) à l'acné rosacée déclencha un fou rire général. Mais ce dernier fit place à l'ébahissement quand un compétiteur chenu (un vieillard chenu = devenu blanc de vieillesse) se présenta avec un cacatoès rosalbin (gris à tête blanc et rose) juché sur son épaule droite. Aux questions des contrôleurs époustouflés, le pince-sans-rire rétorqua sans ciller, se gaussant ainsi d'une faute commise par les organisateurs : "Eh bien, quoi ? N'était-il pas indiqué, sur vos affiches vert Véronèse, qu'il fallait se munir d'un crayon, d'un stylo ou d'un ... "porte-plumes"?" (le texte de l'affiche aurait dû dire : d'un crayon, d'un stylo ou d'un porte(-)plume et sans s).

 

Jean-Pierre Colignon